«Après la mort de sa mère, Nil avait décidé de boire plus, de se droguer plus et de dormir moins. Pour ça, au moins, il était capable de fidélité et même de dévouement… Puis, il se dit que vouloir se rattraper la moitié du temps quand on passe l’autre moitié à s’échapper, c’était une drôle d’idée. »

«Un travail stable, un équilibre, une vie comme tout le monde, c’était l’idée. Projeter une autre image, être à la hauteur ou avoir l’air de l’être, enfin. Pouvoir sourire, la regarder en face et lui dire : Ça y est ! J’ai une job stable. Je suis stable. Peux-tu m’aimer maintenant ? »

Fils d’un père mineur et d’une mère qui s’est donné la mort, Nil revient dans sa ville au nord du Québec, se trouve un job de journaliste et renoue avec ses anciens chums avec qui il passe des nuits d’errance. Une sorte de survie dans un entre-deux-mondes. Dormir debout décrit un milieu peu souvent présenté en littérature québécoise, celui de la marge, de l’errance et des paumés qui vivent la nuit.

Avec un don pour les ambiances troubles et son style «coup-de-poing», Bruce Gervais nous laisse éblouis et secoués. Il y a dans ce livre, une voix singulière, un portrait cru réalisé à travers une galerie de personnages, mais également un regard critique posé sur leur style de vie.